RDC/économie: pour l’ISGL, la baisse du taux de change par la BCC sans mesures d’accompagnement crée une spéculation qui fait perdre 50% du pouvoir d´achat aux ménages

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En République démocratique du Congo, une baisse annoncée du taux de change du franc congolais face aux devises étrangères est souvent perçue comme une bonne nouvelle, en raison de son impact potentiel sur la stabilisation, voire la baisse, des prix des biens de grande consommation.

Cependant, depuis plusieurs années, le régime de change flottant entraîne une telle volatilité que le dollar américain peut afficher plusieurs cours différents en l’espace d’une semaine, empêchant ainsi les opérateurs économiques de planifier sereinement leurs activités.La principale difficulté réside dans le fait que cette instabilité macroéconomique ne se traduit pas par une baisse des prix des produits de première nécessité sur le marché.

Les commerçants avancent diverses justifications pour expliquer leur réticence à réviser les prix à la baisse, craignant notamment de subir des pertes. Certains estiment qu’un ajustement des prix ne serait envisageable que si la dépréciation du dollar se maintient sur une période prolongée, garantissant ainsi une certaine stabilité.

Gagnants et perdants Cette situation crée des gagnants et des perdants bien distincts.Les changeurs de monnaie figurent parmi les premiers bénéficiaires. Certains affichent des taux sensiblement plus bas dans le but de réaliser des profits spéculatifs. Leur stratégie consiste à acheter des dollars à un cours inférieur pour les revendre ensuite avec une marge confortable, le tout dans un climat d’impunité apparent.

Les commerçants constituent un autre groupe gagnant. Ils maintiennent les prix de leurs marchandises en francs congolais sans ajustement. Après avoir vendu, ils rachètent des dollars au nouveau taux, plus bas, augmentant ainsi la valeur de leur capital en devises. Même si la baisse du dollar s’avère temporaire, ils auront déjà engrangé d’importants bénéfices.Les grands perdants sont, sans conteste, les citoyens congolais.

Puisque la baisse du taux de change ne s’accompagne pas d’une diminution des prix, leur pouvoir d’achat se trouve directement érodé. Par exemple, avec 10 dollars, un Congolais obtenait auparavant 30 000 francs congolais, une somme suffisante pour effectuer ses achats.

Aujourd’hui, ces mêmes 10 dollars ne lui en rapportent que 20 000 ou 21 000, alors que les prix des produits restent inchangés. Si vous voulez acheter un produit dans une alimentation, vous achetez le carburant, vous payez les frais scolaires ou les soins médicaux, on vous exige de payer à 30 000Fc ou de changer votre dollars puis revenir payer au taux de 2900fc ou 3000fc.

Il subit donc une perte nette d’environ 10 000 francs par transaction. Loin de bénéficier de cette évolution, la population en devient la victime, rendant la baisse du change inutile, voire néfaste.Question : Pourquoi annoncer une baisse du taux de change si elle porte préjudice au pouvoir d’achat ?Cette interrogation, bien que légitime, doit être replacée dans son contexte.

La faiblesse persistante de la production locale depuis des décennies empêche toute stabilisation durable du taux de change. Sans une relance de l’économie nationale, une baisse du dollar relève davantage de la spéculation que d’une réelle amélioration structurelle étant donné l´économie congolaise repose sur l´importation meme pour les produits de premièrenécessité ce qui fait que quelque soit le nombre de devises disponibles, elles seront épuisé car il n´existe pas de l´équilibre dans les échanges commerciaux au niveaurégional tout comme au niveau international, Ainsi, en l’absence de mesures accompagnatrices, une telle annonce reste sans effet positif pour la majorité de la population.

Compter sur l´exploitation minière que jusque là n´est pas suffisamment contrôlé et productif, d´ailleurs les matières premières sont exportées en état brute et sont epuisables ce qui fait que cela ne peut pas constituer la stabilité macroéconomique à long terme jusque là.

Samuel Matabaro, économiste de formation et doctorant en finances Publiques exhorte au Gouverneur de la Banque Centrale du Congo, Mr André Wameso de mettre en place des mécanismes de suivi ainsi que des mesures d´accompagnement pour faciliter la population qui utilise quotidiennement la monnaie nationale, avec l´accompagnement de tous les secteurs, principalement le ministère de l´économie pour l´actualisation des structures de prix, du carburant, de la douane, des produits de première nécessité aux principaux importateurs et grossistes pour que cela ait un impact sur le coût de vie, le pouvoir d´achat, le transport,…. dans le cas contraire c´est faire souffrir la population doublement.

La société civile à travers la plate-forme citoyenne Initiative Simama Grands Lacs qui réunit les structures des jeunes, mouvements citoyens, organisations des femmes lance une sonnette d´alarme pour la population de l´EST qui est dans une situation très précaire avec le manque d´assistance humanitaire dans les zones de conflits en y ajoutant la fermeture des banques commerciales, et dans ce cadre que ISGL plaide pour la réouverture d´un couloir humanitaire et financière pour faciliter l´accès à la monnaie locale qui n´est produit que par la banque centrale en étendant les avancés des négociations qui pourraient aboutir à une paix durable.

ISGL craint que cette situation favorise plutard la contrefaçon des francs congolais, ce qui pourrait tuer totalement l´économie nationale, étant donné que les plus grands consommateurs de la monnaie locale sont les producteurs miniers artisanaux, ceux qui maintiennent l´économie locale à un certain pourcentage.Samuel Matabaro, s´interroge à quand la relance de la production locale, l´agriculture et la réhabilitation des routes de desserte agricole pour espérer une stabilité socio-économique et macroéconomique durable.

Chronique de Samuel Matabaro, économiste et coordonateur de l’ISGL

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