République démocratique du Congo : « à l’aube du 65ᵉ anniversaire de son indépendance, un constat national alarmant  » (Ir Grâce OMARI)

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Le 30 juin 1960, la République Démocratique du Congo accédait à l’indépendance, portée par l’élan d’un peuple avide de liberté et animée par la vision d’un avenir souverain et prospère. Soixante-cinq ans plus tard, le pays peine toujours à concrétiser les aspirations de ses pères fondateurs, à l’image de Patrice Lumumba, qui rêvait d’un Congo debout, digne et maître de son destin.

Malgré l’immensité de ses ressources naturelles et le potentiel de sa population, la RDC demeure confrontée à des défis structurels majeurs ; pauvreté généralisée, instabilité politique, sous-développement économique, effondrement des services sociaux de base et insécurité chronique. À l’aube de ce nouvel anniversaire de l’indépendance, le contraste entre les promesses de 1960 et la réalité actuelle interroge, voire alarme.

La République Démocratique du Congo figure toujours parmi les pays les plus pauvres de la planète. Ce paradoxe un pays d’une richesse minérale inestimable confronté à une pauvreté endémique demeure un symbole de la mauvaise gouvernance et du manque de vision stratégique à long terme. Le chômage, notamment chez les jeunes, atteint des proportions inquiétantes, tandis que le secteur informel absorbe la majorité de la main-d’œuvre, sans protection ni perspectives d’ascension sociale. Plus de 70 % des Congolais vivent encore avec moins de deux dollars par jour.

L’accès aux soins de santé reste très inégal, et souvent inaccessible pour une large partie de la population. Les infrastructures médicales, concentrées principalement dans les zones urbaines, sont dans un état de délabrement avancé. En milieu rural, nombre de territoires demeurent totalement dépourvus de centres de santé fonctionnels. Le personnel soignant, sous-payé et insuffisamment formé, opère dans des conditions précaires. Conséquences : un taux de mortalité infantile et maternelle parmi les plus élevés au monde, et une prévalence élevée de maladies évitables.

Une éducation en crise
Le système éducatif congolais souffre d’un déficit chronique de moyens et d’organisation. L’analphabétisme persiste, en particulier parmi les jeunes filles, tandis que la scolarisation dans plusieurs provinces reste très faible. Les établissements publics sont souvent surchargés, insuffisamment équipés, et peinent à garantir une formation de qualité. Dans les faits, la gratuité de l’enseignement n’est pas toujours effective, ce qui rend l’éducation inaccessible pour de nombreux enfants.

La situation sécuritaire, notamment dans l’Est du pays, demeure préoccupante. Depuis plusieurs décennies, des groupes armés, tant locaux qu’étrangers, y sèment la terreur dans un climat d’impunité quasi total. Les violences contre les civils meurtres, viols, déplacements forcés sont monnaie courante. L’incapacité de l’État à exercer pleinement sa souveraineté territoriale remet en question la solidité de ses institutions. Faiblement équipée et sujette à de graves dysfonctionnements internes, l’armée nationale ne parvient pas à rétablir durablement la paix ni à protéger les populations.

Au cœur de cette impasse, se trouve une gouvernance souvent décriée pour son absence de projet national fédérateur. Depuis l’indépendance, les promesses de développement ont rarement été suivies d’effets tangibles. Le clientélisme, la corruption systémique et l’impunité généralisée ont durablement affaibli les institutions. La classe politique, trop souvent préoccupée par les enjeux de pouvoir personnel, peine à répondre aux attentes légitimes d’un peuple en quête de justice, de sécurité et de dignité.

À l’heure où la République Démocratique du Congo célèbre ses 65 ans d’indépendance, le moment est venu de dresser un bilan lucide et sans complaisance. Le potentiel du pays reste immense, mais ne pourra se concrétiser sans une volonté politique forte, un engagement citoyen renouvelé et une refondation du pacte social fondée sur la transparence, la responsabilité et le service de l’intérêt général.

Le renouveau du Congo ne peut résulter d’un simple discours symbolique. Il exige des actes concrets, une vision claire, et un leadership intègre. Le peuple congolais mérite plus qu’une survie dans l’adversité. Il mérite un avenir fondé sur la justice, l’équité et la solidarité.

Il est temps de redresser les fronts longtemps courbés, et de reconstruire un État véritablement au service de tous.

Mérite BAHOGWERHE JEAN-PAUL

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