Catastrophe à Kalehe : 2 enfants rescapés des inondations racontent leur vie après avoir perdu 39 et 8 membres de leurs familles respectives

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Environs 2 semaines après la catastrophe naturelle ayant rasée 2 agglomérations du territoire de Kalehe (Bushushu et Nyamukubi), sur la RN2, à plus ou moins 75 et 80 km au nord de Bukavu, des rescapés vivent avec la peur au ventre.

Des terribles inondations ont surpris les habitants de Bushushu et Nyamukubi sur la rive Ouest du Lac Kivu dans la soirée du 4 mai dernier, emportant des maisons y compris des personnes, de bétail, des écoles, églises et dévastant les champs dans les 2 villages précités.

Ainsi, le Réseau des Journalistes amis de lEnfant (RJAE/SK) et le Réseau des médias pour le développement (REMED) et le Réseau des Journalistes amis de l’Enfant (RJAE/SK), se sont décidées d’unir leurs efforts face aux retombées négatives de cette catastrophe sur les femmes et enfants.

Ils se sont rendus sur terrain mardi 16 mai dernier, pour compatir avec les rescapés et documenter la situation des enfants et femmes ainsi qu’apporter une analyse contextuelle en tant qu’acteur engagés dans la communication pour le changement social et de comportement.
Il s’agit pour ce consortium aussi de réaliser des supports de plaidoyers important pour la communauté sinistrée particulièrement les enfants à travers des reportages et vidéo à caractère humain pour toucher la sensibilité des tiers et orienter l’attention sur les rescapés du drame de Kalehe en général et leurs enfants en particulier

Des enfants racontent leur vie d’avant et après la catastrophe à Bushushu

La réalité sur terrain est telle que plusieurs centaines d’enfants rescapés de cette catastrophe mènent une vie critique. Certains se retrouvent actuellement orphelins car ayant perdus soit leurs 2 parents, des frères et surs, pire encore sans logement, obligé de se réfugiés dans des sites de fortunes servant momentanément d’abris pour rescapés.

Dans ce site situé aux abords du terrain de football de Bushushu, nous avons tendu notre micro à 2 jeunes enfants avec l’autorisation de Mr Kamungu Nachime, chef d’avenue Kabushungu.
Mlle Rehema Kalyabosha, 14 ans, est une enfant issue dune famille qui en compte 9 et 2 parents, elle rencontre son histoire en ce terme :

« Je ne sais pas par où commencer, nous avions perdu plusieurs membres de notre famille. Dans ma famille élargie jai perdu 39 personnes, dans ma famille restreinte 6 personnes soit un grand frère, mon père et 4 petits frères, notre maison est partie par les eaux mais ici dans le camp (site d’accueil) la vie est devenue trop difficile pour nous depuis cette catastrophe.

Nous ne mangeons presque pas, on nous amène ici chaque jour de 9h à 16h sans mettre quelque chose sous la dent, la vie ici chez nous est devenue très difficile. Je n’étudie plus j’avais abandonné l’école depuis l’année passée par ce que mes parents n’arrivaient pas à trouver de l’argent pour me faire scolarisé, j’étais déjà en 5ème primaire », raconte Rehema Kalyabosha.

Non loin d’elle, nous rencontrons Mr Maombi biregeyi Jeannot, ce jeune garçon très courageux n’a pas hésité à raconter aux membres du REMED et du RJAE son histoire. Il est parvenu à s’échapper de ces inondations avec sa petite sur, néanmoins, 8 membres de sa famille, y compris sa mère et son père y ont perdu la vie !

« Je réponds au nom de Maombi Biregeyi Jannot, j’ai 16 ans. Tout à commencer quand j’étais dans la maison, j’ai pu m’échapper en courant mais derrière moi toute ma famille est partie, sauf ma petite sœur avec qui je reste actuellement dans ce camp ici. Nous étions 10 au total et aujourd’hui on est resté à 2. J’étudiais à l’institut Bushushu en 1er année pédagogique, plusieurs de mes collègues ont aussi disparu ainsi que 3 enseignants.

Dans notre classe nous étions à 75, mais aujourd’hui je ne vois que 15. Les cours n’ont pas encore repris et ont ne sais pas quand es ce que ça va reprendre. Heureusement que notre école na pas été emporté mais c’est elle qui servait de morgue, c’est vraiment dure ce que nous vivons ici.
Depuis ce drame, nous vivons du calvaire, on s’est sauvé avec rien du tout, pas d’habit, à manger ni à boire, moins encore où passer la nuit. Pour manger il nous faut passer dans la forêt voir si on va cueillir même des goyaves et nous passons nos journées comme ça. Nous sommes des enfants ici, on na pas de force pour nous battre là où on distribue les dons, nous patientons que les responsables du site nous amène quelque chose à manger s’il y a pas on a rien à faire
 », s’exprime-t-il.

A l’unanimité, ces enfants plaident pour la délocalisation des rescapés vers des endroits sécurisés.

« Nous voulons vivre loin de ces rivières. A chaque fois que l’atmosphère change, lorsqu’il y a la pluie qui s’annonce, nos cœurs battent trop fort et nous nous demandons si ça ne sera pas maintenant notre tour de mourir.

Nous vivons avec beaucoup de peur et du traumatisme et nous ne savions pas quand nous pourrions guérir ! », s’exclame Jeannot Biregeyi.
« Mais si les autorités pourraient penser à nous et nous délocaliser de ce milieux dangereux pour notre santé mentale et physique ça pourra un peu nous soulager », confie-t-il.
« Oui, il revient à nos autorités de nous amener loin d’ici, qu’elles
fassent tout pour que nous puissions voir si c’est possible de reprendre une vie normal, que l’État nous amener là où il y aura pas des cours d’eau dangereux comme ici », soutient Rehema Kalyabosha.

A en croire la Division provinciale des affaires humanitaires (DIVAH Sud-Kivu), 37 enfants sinistrés présumés orphelins ont été identifiés à Bushushu et 48 à Nyamukubi. Cependant l’identification continue.
En outre, 24 enfants sinistrés blessés suivent les soins à l’hôpital général d’Ihusi/Kalehe.

Pascal Ngaboyeka

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